Structurer ou disparaître : le dilemme du SEO 2025 face à l’IA et au web-machine
Structurer ou disparaître : le dilemme du SEO 2025 face à l’IA et au web-machine
Le web de 2025 ne ressemble plus à celui que les stratèges SEO ont appris à dompter au fil des deux dernières décennies. Il est plus rapide, plus opaque, plus technique, et surtout, il ne s’adresse plus directement aux humains. Il s’adresse aux machines.
Un tournant silencieux
Nous sommes entrés dans une nouvelle ère où le contenu n’est plus simplement rédigé pour être lu, mais pour être découpé, analysé, digéré et recyclé par des intelligences artificielles, des algorithmes d’indexation et des moteurs de réponse. Les sites web deviennent, qu’on le veuille ou non, des API silencieuses, nourrissant des systèmes qui ne daignent même plus renvoyer un clic en retour.
Le web sémantique, grande promesse des années 2000, avait pour ambition de rendre le contenu compréhensible par les machines. En pratique, il était surtout illisible pour les humains et peu utilisé par les moteurs. Ce n’est que depuis l’émergence du couple Schema.org / JSON-LD que la structuration a trouvé une forme d’efficacité pragmatique : on ne cherche plus à comprendre, on cherche à extraire.
L’essor des agents d’agrégation IA : Google SGE, Perplexity, ChatGPT Search
Google, Perplexity, ChatGPT, Claude… Tous exploitent aujourd’hui du contenu pré-digéré pour alimenter leurs réponses. Le résultat ? Une explosion du « zero-click ». L’utilisateur obtient sa réponse sans jamais consulter la source. Pire : cette source devient invisible. Les rédacteurs travaillent, les IA récoltent. Le contenu devient du carburant. Et les sites, des dépôts stratégiques où puiser.
Dans ce contexte, l’optimisation pour les moteurs de réponse – ou AEO (Answer Engine Optimization) – n’est plus une tendance, mais une condition de survie. Elle impose une discipline quasi industrielle de la structuration : contenus modélisés, balises précises, hiérarchies rigides, absence d’ambiguïté. Le style, la narration, l’affect ? Témoins d’une époque révolue.
Il faut écrire pour être extrait, pas pour être lu. Créer du contenu comme on conçoit une base de données : des entrées uniques, claires, exploitables. Plus on structure, plus on sert. Plus on sert, moins on existe.
C’est ici que le paradoxe devient cruel. Si tu refuses de structurer, tu deviens invisible. Si tu structures, tu es aspiré. Tu offres tes connaissances à une entité qui les réutilisera sans reconnaissance, sans trafic, sans retour. L’éditorial devient un sacrifice opérationnel. Et le site, une commodité informationnelle parmi d’autres.
Quelles stratégies pour résister à l’aspiration ?
Faut-il alors se résigner à n’être qu’une brique anonyme du web-machine ? Non. Mais il faut changer de stratégie. Tout ne doit pas être structurable. Une partie du contenu peut – et doit – rester vivante, narrative, subjective, difficilement extractible. Les formats visuels, interactifs, communautaires, les interfaces uniques, les voix singulières : voilà ce que les IA ne peuvent pas encore digérer. Ce sont les derniers bastions du lien entre créateur et lecteur.
La nouvelle stratégie SEO n’est pas d’optimiser pour les IA. C’est d’identifier ce qu’on leur laisse, et ce qu’on leur refuse. D’assumer une forme de dissidence structurée : donner juste ce qu’il faut pour apparaître, mais garder le reste pour exister.
Le SEO 2025 ne doit plus viser le clic, mais la contribution. Non pas l’exposition, mais l’influence. Ce n’est plus une discipline de captation, c’est une science de la transmission.
Et ceux qui refuseront d’évoluer, eux, ne seront pas aspirés. Ils seront oubliés.